𝟴 𝗺𝗮𝗿𝘀, 𝗷𝗼𝘂𝗿𝗻𝗲́𝗲 𝗶𝗻𝘁𝗲𝗿𝗻𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝗮𝗹𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗱𝗿𝗼𝗶𝘁𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝗳𝗲𝗺𝗺𝗲𝘀…

« 𝘈𝘩 𝘴𝘪 𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦𝘴 𝘷𝘦𝘶𝘭𝘦𝘯𝘵 𝘴𝘦𝘤𝘰𝘯𝘥𝘦𝘳 𝘮𝘦𝘴 𝘥𝘦́𝘴𝘪𝘳𝘴, 𝘫𝘦 𝘷𝘦𝘶𝘹 𝘲𝘶𝘦, 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘪𝘦̀𝘤𝘭𝘦𝘴 𝘧𝘶𝘵𝘶𝘳𝘴, 𝘰𝘯 𝘱𝘭𝘢𝘤𝘦 𝘭𝘦𝘶𝘳 𝘯𝘰𝘮 𝘢𝘶 𝘳𝘢𝘯𝘨 𝘥𝘦 𝘤𝘦𝘶𝘹 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥𝘴 𝘩𝘰𝘮𝘮𝘦𝘴; 𝘯𝘰𝘯 𝘴𝘦𝘶𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘫𝘦 𝘷𝘦𝘶𝘹 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘶𝘭𝘵𝘪𝘷𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘵𝘵𝘳𝘦𝘴, 𝘭𝘦𝘴 𝘢𝘳𝘵𝘴, 𝘮𝘢𝘪𝘴 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘪𝘦𝘯𝘵 𝘱𝘳𝘰𝘱𝘳𝘦𝘴 𝘦𝘯𝘤𝘰𝘳𝘦 𝘢̀ 𝘦𝘹𝘦𝘳𝘤𝘦𝘳 𝘥𝘦𝘴 𝘱𝘭𝘢𝘤𝘦𝘴 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘵𝘳𝘪𝘣𝘶𝘯𝘢𝘶𝘹, 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭𝘦𝘴 𝘢𝘧𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘵𝘦𝘯𝘵𝘪𝘦𝘶𝘴𝘦𝘴, 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘭’𝘢𝘥𝘮𝘪𝘯𝘪𝘴𝘵𝘳𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘦𝘴 𝘢𝘧𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘨𝘰𝘶̂𝘵. »

Olympe de Gouges (1748-1793)

Pour rappel, les femmes constituent pas moins d’un petit peu plus de la moitié du genre humain.

Ni en 2023, ni avant, ni après, il n’est digne de notre humanité de violer, violenter, exciser, gazer, molester, humilier femmes ou filles.

Il y a à peine 2 jours, Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies déclarait que l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et filles sont les véritables gageures de notre époque et le plus grand défi que le monde ait à relever en matière de droits fondamentaux, regrettant que “l’égalité” entre les femmes et les hommes dans le monde soit un objectif de plus en plus lointain, atteint au mieux “dans 300 ans”.

En même temps, puisque l’égalité n’a manifestement jamais existé depuis Sapiens, qu’est-ce que 300 ans ?

300 ans ça vous dit quoi, à vous ?

Ma première pensée c’est de m’interroger sur le devenir de l’humanité. Sera-t-elle encore de cette terre dans 300 ans ??

L’égalité des genres, c’est donc dans minimum… jamais…

Faut-il donc réellement choisir la voie du genre pour que les consciences s’éveillent et les réflexions s’élèvent ?

Je me suis longtemps définie comme féministe, héritière des pensées de Yourcenar plutôt que de Beauvoir, enfant des perceptions et revendications de Veil et Halimi.

Aujourd’hui, excusée du peu, je me définis comme un individu, une citoyenne, un humain, une personne qui fait ce qu’elle peut, comme elle peut. Je tente modestement par les actions qui sont miennes de porter ma voix que j’espère teintée de raison.

 Ma qualité n’est pas mon genre.

Je suis femme mais ni mon bonnet E ni ma taille 38 ne contribuent à définir si je suis une personne bienveillante et juste.

 Ma qualité n’est pas mon genre.

Mon essence est faite de la vie que j’ai vécue, de l’instruction que j’ai reçue, de mes joies, de mes peines, des personnes que j’ai croisées et qui m’ont enrichies, souvent des hommes d’ailleurs.

 Ma qualité n’est pas mon genre.

Elle est faite de la curiosité, un de mes premiers moteurs.

Elle est fondamentalement constituée de mon envie d’être plutôt que d’exister, de m’ancrer dans des projets bien tangibles et qui trouvent sens à mes yeux.

Peut-être il y a-t-il bien un terreau fertile. J’ai cependant la conviction profonde qu’il doit surtout y avoir la volonté, la ténacité et elle ne nous incombe pas toujours.

Petite fille, mon père me disait que s’il avait eu un fils, il aurait fait ceci ou cela alors qu’il n’avait engendré qu’une « grande gueule au grand cœur ».

Depuis, j’ai appris à peser mes mots (quoi que, diront certains) mais j’ai surtout compris qu’il est toujours possible de s’armer, de s’ouvrir des portes, d’avancer, de créer, de se réaliser quelle que soit notre vie, quelles que soient nos contingences.

« Les petites filles avec des rêves deviennent des femmes avec des projets. »

Changer de direction préférablement choisir une direction plutôt que de tourner en rond.

Il est grand temps de se convaincre que la femme peut rêver et se réaliser non par ce critère de différenciation qu’est le genre mais par ses qualités humaines et son aptitude à les développer.

Il est grand temps de se convaincre que les droits des femmes sont les droits des hommes.

Ce ne sont heureusement ou non ni le langage inclusif, ni les quotas qui nous rendront service mais un changement de mentalité forcément des hommes mais aussi des femmes.

Une petite fille, un petit garçon.

Une femme âgée, un vieillard.

Une femme comme un homme, tous sont en droit de vivre et de rêver. Tous sont en droit au même respect, aux mêmes égards.

Plantu, 2015 – Le Monde